(XO Éditions, 2010, 376 p. et Pocket, 2011, 477 p.)
Envie de ... résumer :
Tom Boyd, un écrivain célèbre en panne d'inspiration, voit surgir dans sa vie l'héroïne de ses romans.
Elle est jolie, elle est désespérée, elle va mourir s'il s'arrête d'écrire. Impossible ? Et pourtant...
Ensemble, Tom et Billie vont vivre une aventure extraordinaire où la réalité et la fiction s'entremêlent et se bousculent dans un jeu séduisant et mortel...
Envie de ... donner mon avis :
C'est au Salon du Livre de Paris au mois de mars dernier que je me suis procuré "La fille de papier" au stand des Éditions XO, avant de le faire dédicacer par Guillaume Musso. Amatrice convaincue des livres de Musso depuis "Et après", j'avoue avoir fait l'impasse sur "Seras-tu là ?" et "Que serais-je sans toi ?". Honte à moi, ces lacunes seront, je le promets solennellement aujourd'hui, bien vite comblées. Quant aux autres romans de Musso, les ayant lus il y a quelque temps déjà, je ne pourrais vous en parler avec suffisamment d'intensité et de précision ; je préfère donc vous donner rendez-vous dans quelques mois, lorsque je les aurai relus ...
Réserve faite des deux romans sur lesquels j'ai fait l'impasse, je tiens aujourd'hui à vous confier que "La fille de papier" est pour moi le meilleur roman de Guillaume Musso. J'ai lu, bien sûr, dernièrement, comme en témoignent les pages de ce blog, des livres qui m'ont plu, parfois même réellement passionnée. Mais en toute honnêteté, et sans excès de zèle, cela faisait bien longtemps qu'un livre ne m'avait autant tenue en haleine de la première à la dernière page. Ces trois jours de lecture ont été pour moi fabuleux, exceptionnels. Ce fut un moment de lecture privilégié, de ces moments que la lectrice passionnée que je suis recherche à chaque début de livre. Ici, l'engouement s'est manifesté dès les premières lignes, pour ne plus me quitter jusqu'aux derniers mots.
Avant d'entrevoir avec vous les thèmes abordés dans "La fille de papier", thèmes qui font que ce livre est juste un petit bijou romanesque, je voudrais d'abord saluer le style et la forme adoptés par Musso dans tous ses romans, à commencer par l'apposition d'une citation en en-tête à chaque chapitre. J'aime relire la citation en fin de chapitre, et à chaque fois constater la justesse du choix des citations. Ces dernières font partie intégrante du roman et, de par la diversité de leurs auteurs (écrivains, cinéastes, d'hier ou d'aujourd'hui), lui donnent une note intemporelle.
J'aime également chez Musso les "sauts" dans le temps et dans l'espace au sein du même chapitre. En quelques pages, à l'intérieur d'un même chapitre, l'écrivain nous transporte d'une heure à l'autre, d'un lieu à l'autre, avec une virtuosité et un savoir-faire authentiques.
Dans "La fille de papier", Musso agrémente son roman de styles graphiques originaux : SMS, articles de journaux, écritures manuscrites, schémas, etc. Résultat ? Une écriture qui n'en est plus prenante et captivante, une lecture encore plus agréable.
Après la forme, le fond (j'avoue, je ne fais pas dans l'originalité !). Au-delà de l'intrigue en elle-même, profondément originale et admirablement menée par la plume de Musso, "La fille de papier" traite d'une multitude de thèmes tous plus passionnants les uns que les autres :
D'abord, le travail de l'écrivain et le fameux "syndrome de la page blanche" : Tom Boyd, le héros, écrivain à succès de la Trilogie des Anges, a perdu toute envie d'écrire (et de vivre également) depuis que la belle et célèbre musicienne Aurore Valancourt l'a laissé tomber. En proie à une sévère dépression qui le contraint à vivre de somnifères et autres anxiolytiques en tout genre, le romancier ne se sent plus la force d'écrire la moindre ligne, alors que des millions de lecteurs attendent avec impatience la parution du dernier tome de sa trilogie. "Imagination tarie", "cerveau figé", "esprit verrouillé, sec comme un caillou" : lorsqu'il procède à son introspection, Tom ne manque pas d'images évocatrices pour exprimer le désert créatif qu'il traverse.
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans la plume de Musso, c'est son utilisation de la romance pour évoquer des questions qui sont directement liées à son travail d'écrivain : la panne créative certes, mais aussi la part que l'écrivain met de lui-même dans ses personnages, la "vie" d'un livre, ou encore la relation auteur-lecteur et lecteur-livre, par le biais du monde imaginaire que le lecteur crée lorsqu'il lit. Il donne vit au livre, il se l'approprie. Derrière l'histoire fascinante et exaltante de cet écrivain à la dérive entraîné bien malgré lui dans une aventure extraordinaire aux côtés d'un "personnage de papier", Guillaume Musso nourrit son roman de réflexions passionnantes sur l'univers créatif et l'activité de l'écrivain. Bilan ? Un effet de mise en abîme aussi troublant que poignant.
C'est aussi l'amitié que Musso aborde dans "La fille de papier", à travers la relation privilégiée qui unit Tom, Carole et Milo. Parallèlement à l'intrigue principale qui se cristallise autour de Billie, la "fille de papier", c'est avec délicatesse que Musso évoque les expériences respectives et le passé commun de ces trois personnages aussi différents qu'infiniment attachants, brisés par la vie, mais dont l'amitié a toujours été un indispensable appui.
Je garde pour la fin le côté fantastique de ce roman, qui fait tout son charme. On ne peut que saluer la singularité de l'idée de ce personnage "tombé" d'un livre inachevé (ce "foutu livre mal imprimé"), et toute la créativité déployée pour faire évoluer Tom, écrivain désenchanté ancré dans le monde réel, et Billie, jeune femme aussi déroutante que touchante, directement "tombée" d'un monde imaginaire. Une rencontre improbable, suivie d'aventures palpitantes, des États-Unis à la France, en passant par Rome ... Émotions et humour (on sourit souvent !) sont au rendez-vous et les rebondissements se succèdent tant et si bien que le livre nous "kidnappe" pour ne plus nous lâcher avant le dénouement, aussi inattendu que surprenant.
Je pourrais encore vous parler de "La fille de papier" un bon moment. Mais au risque de trop en dévoiler, je m'arrête ici. Si vous désirez savoir pourquoi "la vie ne tient plus qu'à un livre", je ne peux que vivement vous recommander la lecture de ce roman, que vous connaissiez déjà Musso ou que vous découvriez son univers. Une formidable originalité pour un magnifique roman à mi-chemin entre fiction et réalité ...
Envie ... d'un extrait :
"_ (...) si vous étiez un personnage de roman, vous ne pourriez pas être là.
_ Si ! (...) Parce que je suis tombée.
_ Tombée d'où ?
_ Tombée d'un livre. Tombée de votre histoire, quoi !"
"_ (...) si vous étiez un personnage de roman, vous ne pourriez pas être là.
_ Si ! (...) Parce que je suis tombée.
_ Tombée d'où ?
_ Tombée d'un livre. Tombée de votre histoire, quoi !"
" _ Vous voulez vous débarrasser de moi ? Eh bien, remettez-vous au travail. Plus vite vous aurez terminé votre roman, plus vite je retournerai dans le monde de la fiction !
Satisfaite de sa repartie, elle croisa les bras et attendit une réaction qui ne vint pas.
_ Écoutez, reprit-elle avec entrain, je vous propose un marché : on part au Mexique, je vous aide à récupérer Aurore et, en échange, vous écrivez le troisième tome de votre trilogie parce que c'est le seul moyen de me renvoyer d'où je viens."
" Le blocage de l'écrivain, le syndrome de la page blanche ... Jamais je n'avais pensé que cela pourrait un jour m'affecter. Pour moi, la panne d'inspiration était réservée aux intellos qui prenaient la pose en se regardant écrire, pas à un accro de la fiction comme moi qui inventait des histoires dans sa tête depuis qu'il avait dix ans."
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