(Éditions Sonatine, 2009, 471 p. et Points, 2011, 474 p.)
Envie de … résumer :
La plus grande œuvre d’art jamais créée dort dans les cartons d’un appartement miteux. Assuré de pouvoir enfin se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art Ethan Muller, un galeriste new-yorkais, décide aussitôt d’exposer ces étranges tableaux, qui mêlent à un décor torturé d’innocents portraits d’enfants. Dès que les dessins sont rendus publics, le succès est immédiat : c’est le travail d’un génie. Mais leur mystérieux auteur, Victor Cracke, a disparu. Les ennuis commencent lorsque Lee McGrath, un policier à la retraite croit reconnaître les visages d’enfants victimes de meurtres irrésolus quarante ans plus tôt. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession.
Envie de … donner mon avis :
Premier roman traduit en France de Jesse Kellerman, Les Visages a été élu meilleur thriller de l’année par le Guardian et a reçu le Grand Prix des lectrices de Elle 2010.
A son sujet, Harlan Coben ne tarit pas d’éloges : « Si vous n’avez pas encore lu Jesse Kellerman, ne perdez pas une seconde » ; « on ne rencontre pas tous les jours un talent de cette ampleur ».
Quant à moi, j’ai longuement hésité avant de réserver un billet complet de mon blog aux Visages. En effet, je me propose de vous faire partager mes « coups de cœur », des livres que je recommanderais à quiconque sans une once d’hésitation. Or, j'étais partagée s’agissant des Visages. Toutefois, après réflexion, j’ai estimé que ce thriller méritait sa place au sein de mes lectures coups de cœur. Aussi commencerai-je par vous expliquer la source de mon indécision, avant de saluer sincèrement la qualité de ce roman.
Pour commencer, je dois avouer avoir été au départ légèrement désemparée par les flashbacks qui ponctuent le récit ; non que je n’apprécie pas les flashbacks d’une manière générale, mais ici, c’est le fait de remonter si loin dans le passé et dans la généalogie de la richissime famille Muller qui peut (je dis bien "peut") finir par égarer. Bien sûr, il ne s’agit là que de mon point de vue (d’autres critiques littéraires ont même qualifié de « génial » le sens de la construction de Kellerman). Et puis en fin de compte, il s’agit là d’un excellent exercice cérébral (!) : on jongle avec les époques, on assemble peu à peu les pièces d’un puzzle véritablement obsédant. Il m'a fallu parvenir à la fin du livre pour apprécier réellement ces "interludes" qui s'intègrent progressivement au récit "contemporain" et le rejoignent superbement pour arriver au dénouement. Rien donc de véritablement négatif ici.
Dans le même ordre d’idées, il me semble que les descriptions (en particulier architecturales) excessivement détaillées et méticuleuses peuvent en décontenancer plus d’un, s’il n’est pas un tant soit peu initié à l’univers artistique. Mais au fond, je me suis dit que cette écriture, que je qualifierais de « stylistique », était peut-être la seule à même de retranscrire correctement le récit d’un galeriste fasciné par le génie de son artiste. Mais ce n’est là qu’une interprétation … En effet, l’auteur choisit de faire raconter l’histoire par Ethan Muller, le héros. Dès les premières lignes, le ton est donné : « ce livre est peut-être un roman policier, mais, moi, je ne suis pas policier. Je m’appelle Ethan Muller, j’ai 33 ans, et avant je travaillais dans l’art ».
J’en arrive donc à ce qui m’a réellement plu dans ce livre (sans "oui mais"), à commencer par le point de vue choisi pour la narration. J’ai beaucoup aimé également l’enquête en elle-même, son déroulement, ses rebondissements, et surtout (surtout !), son dénouement stupéfiant. Le tout est vraiment bien ficelé, rien n'est laissé au hasard. Les personnages sont attachants, l’analyse psychologique relativement poussée. On ne peut suivre qu'avec intérêt l'évolution de cet homme en perte de repères affectifs, qui développe une véritable obsession pour un artiste dont il ne connaît que le nom, et qu’il idéalise donc à souhait (« je voulais quelqu’un de monumental », « c’était mon dieu »).
Dans un autre registre, j’ai apprécié les réflexions menées par Ethan sur le sens de son existence, sur la réussite, sur l’échec, sur le génie aussi (d’ailleurs le titre original des Visages se trouve être The Genius …). La tension dramatique qui entoure la signification des dessins et l’identité de leur auteur semble marquer le point de départ d’un profond bouleversement dans la vie d’Ethan (je n’en dirai pas plus …). Et si ce dernier idéalise Victor Cracke, c’est précisément pour « justifier les changements radicaux qu’il a imprimés à (sa) vie ».
Angoissée à l’idée de trop en dévoiler, je finirai simplement en vous citant le Bookreporter : « Après l’ultime rebondissement, une seconde lecture s’impose pour voir à quel point Kellerman nous a manipulés ». Plus tard, peut-être…
Envie … d’un extrait :
"Je ne suis pas détective. Et je ne devais rien à Victor. Il était peut-être mort, peut-être pas, je m'en fichais pas mal. La seule chose qui m'importait, c'étaient ses œuvres, et, ça, je les avais. Par kilos."
" Tu ne peux pas nier qu'il y a un aspect de démence dans son œuvre. Sa façon obsessionnelle de remplir chaque centimètre carré de papier... Et puis il n'y a qu'un fou pour dessiner pendant quarante ans et tout planquer dans des cartons".
" Ton artiste est un détraqué. " (Marilyn)
La plus grande œuvre d’art jamais créée dort dans les cartons d’un appartement miteux. Assuré de pouvoir enfin se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art Ethan Muller, un galeriste new-yorkais, décide aussitôt d’exposer ces étranges tableaux, qui mêlent à un décor torturé d’innocents portraits d’enfants. Dès que les dessins sont rendus publics, le succès est immédiat : c’est le travail d’un génie. Mais leur mystérieux auteur, Victor Cracke, a disparu. Les ennuis commencent lorsque Lee McGrath, un policier à la retraite croit reconnaître les visages d’enfants victimes de meurtres irrésolus quarante ans plus tôt. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession.
Envie de … donner mon avis :
Premier roman traduit en France de Jesse Kellerman, Les Visages a été élu meilleur thriller de l’année par le Guardian et a reçu le Grand Prix des lectrices de Elle 2010.
A son sujet, Harlan Coben ne tarit pas d’éloges : « Si vous n’avez pas encore lu Jesse Kellerman, ne perdez pas une seconde » ; « on ne rencontre pas tous les jours un talent de cette ampleur ».
Quant à moi, j’ai longuement hésité avant de réserver un billet complet de mon blog aux Visages. En effet, je me propose de vous faire partager mes « coups de cœur », des livres que je recommanderais à quiconque sans une once d’hésitation. Or, j'étais partagée s’agissant des Visages. Toutefois, après réflexion, j’ai estimé que ce thriller méritait sa place au sein de mes lectures coups de cœur. Aussi commencerai-je par vous expliquer la source de mon indécision, avant de saluer sincèrement la qualité de ce roman.
Pour commencer, je dois avouer avoir été au départ légèrement désemparée par les flashbacks qui ponctuent le récit ; non que je n’apprécie pas les flashbacks d’une manière générale, mais ici, c’est le fait de remonter si loin dans le passé et dans la généalogie de la richissime famille Muller qui peut (je dis bien "peut") finir par égarer. Bien sûr, il ne s’agit là que de mon point de vue (d’autres critiques littéraires ont même qualifié de « génial » le sens de la construction de Kellerman). Et puis en fin de compte, il s’agit là d’un excellent exercice cérébral (!) : on jongle avec les époques, on assemble peu à peu les pièces d’un puzzle véritablement obsédant. Il m'a fallu parvenir à la fin du livre pour apprécier réellement ces "interludes" qui s'intègrent progressivement au récit "contemporain" et le rejoignent superbement pour arriver au dénouement. Rien donc de véritablement négatif ici.
Dans le même ordre d’idées, il me semble que les descriptions (en particulier architecturales) excessivement détaillées et méticuleuses peuvent en décontenancer plus d’un, s’il n’est pas un tant soit peu initié à l’univers artistique. Mais au fond, je me suis dit que cette écriture, que je qualifierais de « stylistique », était peut-être la seule à même de retranscrire correctement le récit d’un galeriste fasciné par le génie de son artiste. Mais ce n’est là qu’une interprétation … En effet, l’auteur choisit de faire raconter l’histoire par Ethan Muller, le héros. Dès les premières lignes, le ton est donné : « ce livre est peut-être un roman policier, mais, moi, je ne suis pas policier. Je m’appelle Ethan Muller, j’ai 33 ans, et avant je travaillais dans l’art ».
J’en arrive donc à ce qui m’a réellement plu dans ce livre (sans "oui mais"), à commencer par le point de vue choisi pour la narration. J’ai beaucoup aimé également l’enquête en elle-même, son déroulement, ses rebondissements, et surtout (surtout !), son dénouement stupéfiant. Le tout est vraiment bien ficelé, rien n'est laissé au hasard. Les personnages sont attachants, l’analyse psychologique relativement poussée. On ne peut suivre qu'avec intérêt l'évolution de cet homme en perte de repères affectifs, qui développe une véritable obsession pour un artiste dont il ne connaît que le nom, et qu’il idéalise donc à souhait (« je voulais quelqu’un de monumental », « c’était mon dieu »).
Dans un autre registre, j’ai apprécié les réflexions menées par Ethan sur le sens de son existence, sur la réussite, sur l’échec, sur le génie aussi (d’ailleurs le titre original des Visages se trouve être The Genius …). La tension dramatique qui entoure la signification des dessins et l’identité de leur auteur semble marquer le point de départ d’un profond bouleversement dans la vie d’Ethan (je n’en dirai pas plus …). Et si ce dernier idéalise Victor Cracke, c’est précisément pour « justifier les changements radicaux qu’il a imprimés à (sa) vie ».
Angoissée à l’idée de trop en dévoiler, je finirai simplement en vous citant le Bookreporter : « Après l’ultime rebondissement, une seconde lecture s’impose pour voir à quel point Kellerman nous a manipulés ». Plus tard, peut-être…
Envie … d’un extrait :
"Je ne suis pas détective. Et je ne devais rien à Victor. Il était peut-être mort, peut-être pas, je m'en fichais pas mal. La seule chose qui m'importait, c'étaient ses œuvres, et, ça, je les avais. Par kilos."
" Tu ne peux pas nier qu'il y a un aspect de démence dans son œuvre. Sa façon obsessionnelle de remplir chaque centimètre carré de papier... Et puis il n'y a qu'un fou pour dessiner pendant quarante ans et tout planquer dans des cartons".
Moi aussi, je préfère parler de livres que j'ai aimés (voir la phrase en exergue de mon blog), mais quand j'en reçois gracieusement, j'en parle même si j'ai moins aimé, et puis souvent il n'y a pas que des points négatifs (heureusement !).
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