lundi 27 mai 2013

Lectures-coups de cœur de ces derniers mois !




Absente sur mon blog ces derniers mois, je n'ai pas pour autant réduit mes lectures (mais investi dans de nouvelles étagères, si... !). Il y a donc de nombreux livres que j'aimerais vous faire partager, mais que je n'ai pas lu assez récemment pour vous en faire une chronique suffisamment détaillée. En effet, comme vous l'aurez sûrement remarqué, je me suis proposé dès le départ de ne publier que des articles relativement développés. 
Je trouvais tellement frustrant de devoir faire l'impasse sur ces livres, que j'ai décidé de les évoquer au travers d'un article "Lectures-coups de cœur de ces derniers mois". C'est parti ! 

Le Grand Prix (si je devais en décerner un) reviendrait sans conteste à Carlos Ruiz Zafón dont j'ai lu une partie de la bibliographie au cours de l'année passée. 
D'abord les premier et deuxième romans du cycle du Cimetière des Livres Oubliés : L'Ombre du Vent (2004) et Le Jeu de l'ange (2009). Puits de magnifiques citations, notamment sur l'amour, la littérature, la vie, et les liens qui les unissent, ces romans ne sont que pure poésie. A noter avec quelle virtuosité Carlos Ruiz Zafón nous entraîne dans une Barcelone tour à tour réaliste et fantastique (à l'image des romans), faisant de la ville un personnage à part entière. Ces deux romans m'ont littéralement transportée, de ces livres qui vous envoûtent à un point tel que vous ne pourrez assurément jamais les oublier. Je prévois de lire bientôt le troisième volet, Le Prisonnier du Ciel (2012), qui fera probablement l'objet d'une chronique sur le blog. 
Les lecteurs familiers de Zafón et de son style ne manqueront pas de découvrir également, hors trilogie des Livres oubliés, Le Prince de la Brume (2011), premier roman publié par l'auteur en 1992 mais traduit seulement en 2011 en français, avec déjà cette subtile alternance de policier, romantique et fantastique, que l'on retrouve aussi dans Marina (2011), plus sombre, mais tout aussi magnifique. S'il est un auteur qui nous fait aimer le monde des livres, c'est bien Carlos Ruiz Zafón.

Une suite réussie et à la hauteur du premier volet devenu un véritable best-seller (Le Mec de la tombe d'à côté, chronique par ici) : c'est ainsi que je qualifierais Le Caveau de famille (2011), de la suédoise Katarina Mazetti. Désirée, la bibliothécaire citadine, et Benny, l'agriculteur, s'étaient donné trois essais pour avoir un enfant. Si ça ne marchait pas, c'était terminé pour toujours. Sinon... et bien sinon, ça donne cette suite tout aussi drôle et touchante que le premier opus, bébé à gérer en prime ! Leurs différences sont toujours aussi inévitables que leurs sentiments inexplicables... Mais ils vont tenter de dépasser ce qui les sépare pour se consacrer à ce qui désormais les unit. 

Si vous aimez l'humour décalé, alors vous apprécierez les aventures du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2011) de Jonas Jonasson. Décidément, la littérature suédoise est à l'honneur ici ! Tout commence lorsqu'Allan Carlson s'enfuit de sa maison de retraite le jour de son centième anniversaire. S'engage alors une folle épopée ponctuée de flashbacks qui retracent la vie hors du commun (et encore, le mot est faible...) de ce héros culotté, de sa naissance jusqu'au temps de la narration. Humour loufoque, quiproquos à la pelle et situations cocasses, péripéties à la limite du vraisemblable, galerie de personnages farfelus, fantaisies historiques inattendues : tout en revisitant à sa manière des moments-clés de l'Histoire du vingtième siècle, ce road-movie déjanté vous fera passer un excellent moment !

En parlant de road-movie déjanté, avez-vous lu La Vie très privée de Mr Sim (2011) de Jonathan Coe ? Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans, délaissé par sa femme et par sa fille, "voué à l'échec dès sa naissance" (nous dit la quatrième de couverture), qui se voit proposer une mission inattendue, en tant que représentant de brosses à dents high-tech. Guidé par un GPS dont il va immédiatement tomber amoureux, son voyage à travers l'Angleterre et les paysages de son enfance va être l'occasion pour lui de redécouvrir son passé, entre malentendus, regrets, ambiguïtés et occasions manquées. 
Récit original où l'humour (parfois noir, mais devrais-je simplement dire "britannique" ?) côtoie la reconstitution progressive, façon puzzle, d'un passé aux nombreux épisodes inexpliqués, ce roman surprenant nous livre le portrait touchant d'un homme catalogué perdant.

Je terminerai cette chronique tout en légèreté, avec une comédie qui se distingue vraiment par son originalité : Sors de ce corps, William ! (2010) de David Safier, romancier allemand à succès, également connu pour son Maudit Karma (2008). En proie à un chagrin d'amour et prête à tout pour reconquérir l'homme de sa vie, Rosa s'en remet au magicien Prospero, soi-disant spécialiste des voyages dans le temps. Elle se réveille alors au seizième siècle, dans la peau de William Shakespeare ! Et le magicien est formel : elle ne pourra retrouver son époque qu'une fois qu'elle aura découvert ce qu'est le véritable amour... L'auteur s'est amusé à alterner les narrateurs, menant son récit tantôt du point de vue d'une jeune femme du vingt-et-unième siècle, tantôt de celui du dramaturge anglais : jubilatoire ! De situations burlesques en quiproquos savoureux, sur fond de choc des cultures et des époques, un roman décidément très divertissant !


vendredi 24 mai 2013

Demain j'arrête ! - Gilles Legardinier

(Fleuve Noir, Novembre 2011, 350 p. et Pocket, Avril 2013, 404 p.)

Envie de ... résumer :

Au début, c'est à cause de son nom rigolo que Julie s'est intéressée à son nouveau voisin. Mais très vite, il y a eu tout le reste : son charme, son regard, et tout ce qu'il semble cacher...
Parce qu'elle veut tout savoir de Ric, Julie va prendre des risques de plus en plus délirants ...

Envie de ... donner mon avis : 

Un roman au top des meilleures ventes en librairies, une couverture et un titre pour le moins énigmatiques... De quoi attiser ma curiosité ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que ma curiosité est carrément satisfaite. Cette comédie est un vrai bonheur. Ce livre fait partie des plus drôles que j'ai lu ces dernières années, aux côtés des romans d'Agnès Abécassis bien sûr (toujours au top !), qui font d'ailleurs l'objet de deux chroniques sur mon blog : 
Le Théorème de Cupidon (article pêle-mêle) et Soirée Sushi (oui oui je fais ma propre promo ! Mais l'essentiel c'est de l'assumer, non ?!).

A la base de ce roman à l'humour désopilant, je vous présente Julie. Julie Tournelle, vingt-huit ans, travaille dans la banque (et déteste ça) et vient de se faire plaquer par Didier. Autant dire qu'elle se cherche, tant sur le plan professionnel qu'affectif. Elle se cherche, et elle s'ennuie aussi, peut-être un peu... C'est en partie ce qui explique ce besoin irrépressible d'épier son mystérieux nouveau voisin dont le seul nom "enflamme votre imagination" ! Qui est donc Ricardo Patatras ? Que cache-t-il ? A la fois charmée et intriguée par Ric, Julie va chambouler son quotidien et prendre les risques les plus fous pour tenter de percer le mystère qu'il recèle (si tant est qu'il y ait quelque chose à percer... mais je n'en dirai pas plus).

L'origine du récit de Julie, c'est cette question posée par un inconnu au détour d'une soirée : "Dis moi, Julie, c'est quoi le truc le plus idiot que tu aies fait dans ta vie ?" C'est pour tenter d'y répondre avec un maximum d'honnêteté que Julie décide de nous raconter cette histoire tour à tour drôle et émouvante, où les passages comiques succèdent aux moments plus "profonds". C'est d'ailleurs un aspect qui m'a tout particulièrement plu dans ce roman : au-delà des sourires, parfois même des rires, qu'il suscite, il n'est cependant pas dénué d'un vrai "fond". L'écriture est accessible, sans prétention, et extrêmement vivante. Tout le mérite de l'auteur, c'est de nous faire tour à tour sourire, s'émouvoir et réfléchir. Le choix des mots se distingue par sa simplicité et son authenticité. Ils n'en sont que plus "vrais" et touchants : 


"Je ne sais pas grand-chose mais j'ai au moins compris un truc sur cette terre. Le vrai miracle, ce n'est pas la vie. Elle est partout, grouillante. Le vrai miracle, Julie, c'est l'amour".
(de Sophie à Julie, une citation qui me plaît tout particulièrement)

Habituée aux romans "féminins" dans lesquelles le portrait et les tribulations de l'héroïne, souvent narratrice, sont brossés par des romancières, ce qui m'a vraiment surpris pendant que je lisais le roman, c'est qu'il ait été écrit par un homme (qui plus est par un homme qui s'était jusqu'ici illustré dans le registre du thriller) ! En voilà un pari osé ! Mais le résultat est excellent. L'auteur sonde et manie si bien les rouages de la psychologie féminine, sans tomber dans la caricature (allez, faut bien le reconnaître), que l'on en viendrait presque à oublier que c'est un homme, un vrai, qui se cache derrière la plume. 
Car il faut bien l'admettre, quelle femme n'a jamais élaboré de véritables plans d'action, aussi tordus ou extravagants soient-ils, pour tenter de séduire un homme, de l'approcher, de le connaître ? 
Quelle vraie nana digne de ce nom ne s'est jamais "fait de films" ou n'a jamais spéculé, sur la vie de ses voisins, collègues, parents, proches amis ? Pour ma part, j'avoue me reconnaître très largement dans cette jeune femme qui imagine facilement les scénarios les plus improbables pour expliquer les comportements, réactions, actes ou paroles des gens. Et c'est justement parce que cette propension à décoder, à analyser, nous est familière, qu'il est franchement drôle d'en devenir le spectateur, l'observateur extérieur, et d'en rire le temps d'un livre. Julie "psychote", et c'est ce qui la rend attachante. Son énergie, sa créativité, ses déboires (!), ses espoirs : autant d'éléments qui vous font penser "c'est un peu moi ça" ! Je me suis moi-même demandé quel était le truc le plus fou que j'avais fait dans ma vie (tout du moins jusqu'à aujourd'hui... !).
Je me dis souvent que personne ne peut affirmer avec certitude qu'il sait de quoi sera fait demain. Un élément qui nous semblait pourtant à première vue insignifiant, un mot, un choix, une direction, etc. peuvent tout changer : "On croit connaître son environnement, pourtant parfois il suffit qu'un détail change et vous ne vous doutez pas que c'est toute votre vie qui va y passer. Et ça, on ne le voit jamais venir". Julie semble d'accord avec moi ! :) 

Pour finir, quelques mots sur les chats, qui reviennent au fil du livre en leitmotiv... La comparaison entre l'approche amoureuse des félins et celle des humains est extrêmement amusante et bien trouvée. Si vous n'avez pas lu le roman, je viens de vous livrer un élément qui rend sa couverture un peu moins insolite. Je ne dirai donc rien au sujet du bonnet péruvien... Bonne lecture !

Envie ... d'un extrait :

"C'est la première fois que je rencontre ce garçon avec un nom rigolo, et je suis telle la souris coincée par la tapette. Maintenant, je comprends les rois, les chevaliers et les saintes qui, dans ce genre de situation, ont juré que s'ils s'en sortaient, ils feraient construire une basilique. Le problème, c'est qu'avec mon compte d'épargne, j'ai seulement les moyens de faire bâtir une niche ou un grand terrier. Mais je promets de le faire".

"Voici la preuve que dans cette vie tout est possible. Gardons-nous des jugements définitifs. Ne disons jamais "jamais". Aimons-nous les uns les autres, mais méfions-nous quand même des chats. Je vais moi aussi devenir un puits d'aphorismes à deux balles, c'est de tradition dans la famille".