mardi 20 mars 2012

Pêle-Mêle de mes dernières lectures

J'avoue avoir très peu alimenté le blog ces derniers mois. Pour autant, je n'ai pas interrompu mes lectures ! Et il y en a beaucoup que j'aurais aimé vous faire connaître et partager !

Alors je vous propose d'en évoquer quelques unes par le biais d'un article "pêle-mêle", au fil duquel j'aborderai quelques romans lus dernièrement. Je pourrai ainsi consacrer mes prochains articles à mes lectures récentes, tout en ayant quand même eu l'opportunité de vous parler de lectures plus anciennes (de quelques semaines seulement bien sûr...), qu'il me tenait tout de même à cœur de faire figurer dans ces pages.


La Vie d'une autre - Frédérique Deghelt (Actes Sud, 2007, 341 p. et Le Livre de Poche, 2010, 251 p.)

Je connaissais Frédérique Deghelt pour avoir lu "La Grand-mère de Jade", un moment de lecture très émouvant. C'est une version rééditée de "La Vie d'une autre", à l'occasion de son adaptation au cinéma avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz, que je me suis procuré en début d'année.
En une nuit, Marie, jeune femme indépendante de vingt-cinq ans, se retrouve douze ans plus tard, mariée, trois enfants, et plus aucun souvenir de ces années écoulées. Au contact de ses proches qui ne se doutent pas du mal inexpliqué qui est désormais le sien, en proie à cette vie qui lui échappe, Marie part en quête de réponses à ses questions, à la fois actrice de sa propre vie, et spectatrice de "la vie d'une autre"...


Mon avis ? Un très beau roman, prenant et bien écrit. Une histoire originale, construite autour de thèmes tels que la fuite du temps, les choix de la vie (les bons, les mauvais, ceux que l'on a fait, mais aussi - et surtout - ceux que l'on aurait dû faire...), la connaissance de soi, les souvenirs que l'on se construit (et ceux que l'on aimerait avoir déjà détruit...), l'amour (et le désamour), la passion, les idéaux, les doutes... Ce qui rend le roman captivant, c'est aussi son côté "enquête". De plus, l'héroïne est aussi la narratrice, ce qui permet au lecteur de réellement s'identifier à sa quête de compréhension et à son cheminement vers la sérénité. Pour ma part, je n'ai pas eu l'occasion de voir le film inspiré du livre. J'apprécie beaucoup Juliette Binoche, je prévois donc de le voir tôt ou tard. Mais si de votre côté vous l'avez déjà vu, faites moi part de vos impressions : fidèle au roman ? Dans la négative, bon film tout de même ? Affaire à suivre pour moi !

Le Théorème de Cupidon - Agnès Abécassis (Calmann-Lévy, 2011, 240 p. et Le Livre de Poche, 2012, 288 p.)

Il y avait déjà quelque temps que je projetais de lire le dernier roman d'Agnès Abécassis. J'attends toujours ses livres avec impatience et ils ne m'ont jamais déçue ! Cette fois encore, la griffe Abécassis a tenu ses promesses ! Surprise et humour sont au rendez-vous dans cette histoire qui est celle de deux vies parallèles : Adélaïde et Philéas travaillent tous les deux dans le cinéma mais ne se connaissent pas ("enfin, c'est ce qu'ils croient...", nous dit la quatrième de couverture). Pétulante jeune femme drôle, extravertie, et déçue par les relations amoureuses, Adélaïde n'a a priori rien à voir avec Stanislas, peu sûr de lui, gauche et toujours pressé de conclure. Qui plus est, "deux lignes parallèles ne se croisent jamais... Sauf si elles sont faites l'une pour l'autre", énonce le Théorème de Cupidon !

Alors, quand ? Comment ? Où ? Pourquoi ? C'est ce que ce roman amusant, captivant et follement divertissant vous propose de découvrir ! Et il vous avance de solides arguments : deux narrateurs (donc deux regards sur les événements), des situations insolites et surprenantes, des dialogues savoureux, un soupçon d'émotions et, comme toujours chez Agnès, des personnages vrais, "entiers", et donc immédiatement attachants. Je ne peux que profiter de l'occasion pour insister à nouveau auprès de vous, "vous" les filles évidemment (quoique...), sur la NÉCESSITÉ IMPÉRIEUSE ET ABSOLUE (sans exagération aucune) de lire Agnès Abécassis ! J'ai consacré l'année dernière une chronique à "Soirée Sushi", mais il ne s'agit là que d'une de ses perles de comédie ! "Toubib or not toubib", "Chouette, une ride !" (pour ne citer qu'eux) : le divertissement et l'évasion sont à coup sûr ga-ran-tis !


Piège Nuptial - Douglas Kennedy (Belfond, 2008 (réédition), 265 p. et Pocket, 2009, 250 p. - Titre original : The dead heart)


"Piège nuptial" est le premier roman de Douglas Kennedy publié pour la première fois en français en 1998 sous le titre "Cul-de-sac". J'avoue, je n'avais jamais lu Douglas Kennedy avant, même si suite à l'adaptation au cinéma de "L'Homme qui voulait vivre sa vie" avec Romain Duris en 2010, j'étais pourtant bien résolue à lire le livre (il n'est jamais trop tard).

Piège Nuptial, c'est l'histoire de Nick Hawthorne, modeste pigiste américain blasé par la vie qui, sur un coup de tête, fasciné par une carte routière de l'Australie découverte dans une bibliothèque de Boston, plaque tout du jour au lendemain et s'envole pour Darwin. Vite rebuté par cette ville, Nick ne tarde pas à s'aventurer sur la route du bush australien. Après avoir goûté, non sans mal, à la solitude des grands espaces et percuté un kangourou en pleine nuit, Nick poursuit sa route en compagnie d'Angie, une auto-stoppeuse directe, graveleuse et exubérante, avec laquelle il vit une brève histoire faite de débauche et d'excès en tous genres. Trois jours plus tard, il se réveille drogué et ... marié. Sans aucun souvenir des derniers événements, reclus à Wollanup, un village d'une cinquantaine d'habitants, à plus de quatre-cent kilomètres de désert de la ville la plus proche... Loin de toute trace de civilisation, marié à une nymphomane rustre doublée d'une parfaite alcoolique, coincé au beau milieu d'une communauté de primitifs illuminés (et imbibés de bière) qui semblent prêts à tout pour préserver leur communauté, Nick est irrémédiablement pris au piège...

Vous l'aurez sans doute compris, ce polar est conçu à la manière d'un huis clos. Noir, oppressant. Et tout simplement génial. Roman noir original, Piège nuptial entraîne le lecteur dans une lutte acharnée pour l'évasion et la survie dans ce qui semble bien tout proche de l'enfer sur terre. La violence latente, la vie culturelle inexistante, la chaleur suffocante, l'atmosphère pesante, la puanteur persistante : tous les ingrédients sont réunis pour confiner le lecteur dans un univers résolument malsain, un "nulle part" où le monde semble avoir réellement touché à sa fin. Bref, un roman conduit à un rythme haletant et soutenu, au service d'un solide suspense qui vous défie de poser le livre avant la fin ! Une véritable entreprise de polarisation...

Mais Comment font les femmes ? - Allison Pearson (Plon, 2002, 420 p. et J'ai Lu, 2004 - Titre original : I don't know how she does it)

Décidément, le monde du septième art trouve souvent son inspiration dans l'univers des lettres ces derniers temps ! Tant mieux pour moi en l'occurrence : je me suis plongée dans la lecture du roman d'Allison Pearson après avoir vu son adaptation cinématographique avec Sarah Jessica Parker (un film sympa soit-dit en passant, même si essentiellement destiné à un public féminin, il faut bien l'admettre !). A ma grande surprise, le film a pris quelques libertés notables par rapport au livre. Mais qu'importe ! Je suis ici pour vous parler du livre.

Kate Reddy, brillante gestionnaire de portefeuilles à la City de Londres, se démène quotidiennement pour gérer et concilier tant bien que mal les deux pans essentiels de son existence : d'un côté sa vie professionnelle, une lutte permanente pour exister dans le monde de la finance, un univers masculin redoutable et impitoyable, un travail et des responsabilités importantes qui la mobilisent énormément et la poussent à voyager régulièrement ; de l'autre, sa vie familiale, avec son mari Richard, qui lui reproche fréquemment ses absences, et leurs deux enfants, Ben, un an, et Emily, cinq ans.


Mon avis ? Découpé en chapitres courts, souvent eux-mêmes cadencés au rythme de la journée, le roman est très agréable à lire. Ce qui m'a vraiment plu, c'est que cette histoire va au-delà du portrait classique (et en vogue) de la femme polyvalente, qui fait face sur tous les fronts. A travers les questionnements et les doutes de l'héroïne, l'auteur aborde des sujets plus profonds : la place de la femme dans la société, d'hier à aujourd'hui (l'épouse, la maman, l'amie, la collègue, la voisine, etc.), les choix de la vie (eh oui, ici aussi !), le temps qui nous glisse entre les doigts (vingt-quatre heures dans une journée, c'est tout ?), le jugement des autres, la culpabilité, l'incertitude, le souci de bien faire ... Mais toujours avec humour ! J'ai vraiment a-do-ré les listes dressées par Kate (en fin de chapitre), les mails, les situations cocasses (par exemple l'épisode du supermarché !), etc. Bref, un bon moment de lecture ! Vous ne direz plus jamais "j'ai trop de choses à faire" de la même manière ... !

dimanche 18 mars 2012

Les Mésaventures de Minty Malone - Isabel Wolff

(Pocket, 2002 et 2008, 528 p.)

Envie de ... résumer : 

(titre original : The Making of Minty Malone)

Vous êtes devant l'autel de l'église. Le prêtre prononce les phrases rituelles. Vous jetez un coup d’œil tendre et complice à votre bien-aimé. Il vous sourit. Vous lancez un "oui" énamouré. Ça y est, vous êtes presque mariée. Maintenant c'est à lui. Il vous adresse un regard plein de compassion. Vos parents, vos collègues, tous vos amis sont venus célébrer l'événement. Vous êtes aux anges. Encore une seconde et vous êtes unis pour le meilleur et pour le pire. Non ! Un "non", ferme et définitif, résonne encore dans l'église. Vous n'êtes plus mariée.
Tel est votre destin : vous êtes et resterez Miss Malone. Sur un point, cependant, rien ne sera plus comme avant : à votre tour, vous allez apprendre à dire "non"...

Envie de ... donner mon avis :

Contre toute attente (je plaide non coupable : je cours sans cesse après le temps, et voir ces pages en stand-by est extrêmement frustrant !), mon blog reprend vie aujourd'hui avec un authentique " livre de filles " que j'ai lu il y a quelques mois déjà, que j'ai beaucoup aimé, et que je tenais donc à vous faire partager. Je connaissais déjà le style d'Isabel Wolff pour avoir lu " Les Tribulations de Tiffany Trott " il y a quelques années. J'avais adoré sa capacité à conjuguer habilement l'humour avec un véritable travail de recherche dans la construction des profils de personnages.

Dans tous les pans de sa vie, affective, familiale et professionnelle, Minty Malone est une jeune femme charmante et infiniment arrangeante, gentille, conciliante. Minty cède toujours à tout et à tout le monde :
... à Dominic, qu'elle s'apprête à épouser, un homme d'apparence sympathique mais pour le moins despotique, qui semble gouverner l'entier comportement de sa future épouse, de ses tenues vestimentaires à son langage, en passant par ses loisirs...,
... à ses collègues, pour leur mâcher le boulot (un air de déjà-vu pour vous aussi ??)
... à sa cousine Amber, aussi attachante qu'autoritaire et envahissante...

Autant de manifestations de cette indulgence de tous les instants, de cette bienveillance extrême, qui lui valent certes sa réputation de jeune femme avenante, mais aussi un lot considérable de déconvenues cuisantes.

Car il faut bien l'admettre : de (trop) gentille à "bonne poire" (pour reprendre son expression), il n'y a qu'un pas... Que Minty a TRÈS LARGEMENT franchi. Trop gentille par crainte de ne pas savoir gérer les conflits. Trop aimable, trop affable pour éviter d'aller à l'affrontement. Trop terrifiée à l'idée de blesser. Trop serviable par peur d'être rejetée...

Mais petit à petit, les choses vont changer. Plaquée par celui qu'elle croyait être l'homme de sa vie devant l'autel de l'église le jour de son mariage, Minty va avoir un déclic. Finie la gentillesse comme " police d'assurance " ! Galvanisée par sa prise de conscience et désormais désireuse de s'affirmer pour de bon, Minty va reprendre sa vie en mains. Aidée de l'original -et pour le moins insolite- " Séminaire des Anti-Gentils ", humiliée et hantée par l'échec de son mariage, Minty va chercher à comprendre l'attitude du goujat qu'il l'a laissée en plan devant des centaines d'invités réunis pour l'occasion.
A travers cette quête, elle va en découvrir davantage sur elle-même et apprendre à aborder différemment ses rapports aux autres. Parviendra-t-elle à s'affirmer, à refuser, à défendre ses points de vue ?

Pour ma part, j'ai été d'autant plus touchée par cette histoire, que je suis moi-même bien souvent trop accommodante, pour les mêmes raisons que Minty d'ailleurs ! La plupart du temps, si je redoute les conflits, c'est tout autant par peur de ne pas savoir les gérer, que par peur de déplaire ...
Par ailleurs, ce qui m'a tout particulièrement plu, c'est le fait d' avoir su exploiter brillamment le registre humoristique pour en fin de compte aborder un sujet somme toute profond : comment s'affirmer réellement, exprimer ses vrais désirs, tout en restant agréable, courtois et diplomate ? Au fond, comment " ménager la chèvre et le choux " ?!

Avec une galerie de personnages originaux et amusants, aux traits de caractère marqués et souvent désopilants, " Les Mésaventures de Minty Malone " saura satisfaire toutes les lectrices (et les lecteurs aussi après tout hein !) à la recherche d'un roman facile à lire, drôle et résolument original. Alors sans plus attendre, dites " oui " à l'apprentissage du " non " ! Et si vous avez aimé ce roman, découvrez dès que possible " Les Tribulations de Tiffany Trott " !

Envie ... d'un extrait :

" Il n'y a rien que je déteste plus que faire des histoires. Je suis très " gentille ". C'est ce que tout le monde dit de moi - que je suis terriblement " gentille ". On a toujours dit ça. J'abhorre au dernier degré tout type de confrontation. Je suis tout simplement incapable de les gérer. Alors, s'il s'agit d'une question secondaire, je suis plus qu'heureuse de céder parce que, dans mon esprit, ça ne vaut pas la peine qu'on fasse des histoires ".

" A présent, je savais pourquoi Dominic avait fait ce qu'il avait fait. (...) C'était bien parce que j'étais trop gentille. Il avait par conséquent perdu tout respect pour moi (...). Lorsque nous nous étions rencontrés, j'étais quelqu'un d'indépendant et d'assuré. Et qu'étais-je devenue ? Une lavette avide de plaire. Une nunuche. Une bonne poire. Et Dominic avait perdu tout respect pour moi. Je ne le lui reprochais plus, désormais. Je comprenais que c'était moi la fautive ".