lundi 28 mars 2011

Les Visages - Jesse Kellerman

(Éditions Sonatine, 2009, 471 p. et Points, 2011, 474 p.)

 Envie de … résumer :
 
" Ton artiste est un détraqué. " (Marilyn)

La plus grande œuvre d’art jamais créée dort dans les cartons d’un appartement miteux. Assuré de pouvoir enfin se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art Ethan Muller, un galeriste new-yorkais, décide aussitôt d’exposer ces étranges tableaux, qui mêlent à un décor torturé d’innocents portraits d’enfants. Dès que les dessins sont rendus publics, le succès est immédiat : c’est le travail d’un génie. Mais leur mystérieux auteur, Victor Cracke, a disparu. Les ennuis commencent lorsque Lee McGrath, un policier à la retraite croit reconnaître les visages d’enfants victimes de meurtres irrésolus quarante ans plus tôt. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession.

Envie de … donner mon avis :

Premier roman traduit en France de Jesse Kellerman, Les Visages a été élu meilleur thriller de l’année par le Guardian et a reçu le Grand Prix des lectrices de Elle 2010.
A son sujet, Harlan Coben ne tarit pas d’éloges : « Si vous n’avez pas encore lu Jesse Kellerman, ne perdez pas une seconde » ; « on ne rencontre pas tous les jours un talent de cette ampleur ».

Quant à moi, j’ai longuement hésité avant de réserver un billet complet de mon blog aux Visages. En effet, je me propose de vous faire partager mes « coups de cœur », des livres que je recommanderais à quiconque sans une once d’hésitation. Or, j'étais partagée s’agissant des Visages. Toutefois, après réflexion, j’ai estimé que ce thriller méritait sa place au sein de mes lectures coups de cœur. Aussi commencerai-je par vous expliquer la source de mon indécision, avant de saluer sincèrement la qualité de ce roman.

Pour commencer, je dois avouer avoir été au départ légèrement désemparée par les flashbacks qui ponctuent le récit ; non que je n’apprécie pas les flashbacks d’une manière générale, mais ici, c’est le fait de remonter si loin dans le passé et dans la généalogie de la richissime famille Muller qui peut (je dis bien "peut") finir par égarer. Bien sûr, il ne s’agit là que de mon point de vue (d’autres critiques littéraires ont même qualifié de « génial » le sens de la construction de Kellerman). Et puis en fin de compte, il s’agit là d’un excellent exercice cérébral (!) : on jongle avec les époques, on assemble peu à peu les pièces d’un puzzle véritablement obsédant. Il m'a fallu parvenir à la fin du livre pour apprécier réellement ces "interludes" qui s'intègrent progressivement au récit "contemporain" et le rejoignent superbement pour arriver au dénouement. Rien donc de véritablement négatif ici.

Dans le même ordre d’idées, il me semble que les descriptions (en particulier architecturales) excessivement détaillées et méticuleuses peuvent en décontenancer plus d’un, s’il n’est pas un tant soit peu initié à l’univers artistique. Mais au fond, je me suis dit que cette écriture, que je qualifierais de « stylistique », était peut-être la seule à même de retranscrire correctement le récit d’un galeriste fasciné par le génie de son artiste. Mais ce n’est là qu’une interprétation … En effet, l’auteur choisit de faire raconter l’histoire par Ethan Muller, le héros. Dès les premières lignes, le ton est donné : « ce livre est peut-être un roman policier, mais, moi, je ne suis pas policier. Je m’appelle Ethan Muller, j’ai 33 ans, et avant je travaillais dans l’art ».

J’en arrive donc à ce qui m’a réellement plu dans ce livre (sans "oui mais"), à commencer par le point de vue choisi pour la narration. J’ai beaucoup aimé également l’enquête en elle-même, son déroulement, ses rebondissements, et surtout (surtout !), son dénouement stupéfiant. Le tout est vraiment bien ficelé, rien n'est laissé au hasard. Les personnages sont attachants, l’analyse psychologique relativement poussée. On ne peut suivre qu'avec intérêt l'évolution de cet homme en perte de repères affectifs, qui développe une véritable obsession pour un artiste dont il ne connaît que le nom, et qu’il idéalise donc à souhait (« je voulais quelqu’un de monumental », « c’était mon dieu »).
Dans un autre registre, j’ai apprécié les réflexions menées par Ethan sur le sens de son existence, sur la réussite, sur l’échec, sur le génie aussi (d’ailleurs le titre original des Visages se trouve être The Genius …). La tension dramatique qui entoure la signification des dessins et l’identité de leur auteur semble marquer le point de départ d’un profond bouleversement dans la vie d’Ethan (je n’en dirai pas plus …). Et si ce dernier idéalise Victor Cracke, c’est précisément pour « justifier les changements radicaux qu’il a imprimés à (sa) vie ».

Angoissée à l’idée de trop en dévoiler, je finirai simplement en vous citant le Bookreporter : « Après l’ultime rebondissement, une seconde lecture s’impose pour voir à quel point Kellerman nous a manipulés ». Plus tard, peut-être…

Envie … d’un extrait :

"Je ne suis pas détective. Et je ne devais rien à Victor. Il était peut-être mort, peut-être pas, je m'en fichais pas mal. La seule chose qui m'importait, c'étaient ses œuvres, et, ça, je les avais. Par kilos."

" Tu ne peux pas nier qu'il y a un aspect de démence dans son œuvre. Sa façon obsessionnelle de remplir chaque centimètre carré de papier... Et puis il n'y a qu'un fou pour dessiner pendant quarante ans et tout planquer dans des cartons".

mercredi 23 mars 2011

Soirée Sushi - Agnès Abécassis

(Éditions Calmann-Lévy, 2010, 179 p. et Livre de Poche, 2011, 179 p.).


Envie de … résumer : 

« Quand le cœur est à nu, rien ne vaut le poisson cru ! » (Site officiel d’Agnès Abécassis)

Rebecca, récemment divorcée (pour la deuxième fois), Hortense, larguée par un homme marié, et Séraphine, tout juste séparée car « publiquement cocufiée » : c’est autour de sushis, ces spécialités japonaises à base de poisson cru, que ces trois amies fraîchement célibataires vont échanger leurs angoisses, leurs joies et leurs craintes, le tout saupoudré d’une bonne dose de potins si croustillants qu’on ne peut que les partager.

Envie de … donner mon avis : 

Un concentré d’ondes positives ! 
D'une manière générale, Soirée Sushi se distingue du Chick-Lit "traditionnel" par ses ingrédients, et c'est là ce qui fait tout son intérêt : pas de groupe de copines perchées sur des Jimmy Choo, brushées et manucurées, qui sirotent des cocktails dans le dernier endroit branché. Ici, place au réalisme avant tout ! Du coup, je me suis sentie proche des personnages, comme si j'avais participé à la soirée !

Léger, drôle et touchant, le portrait de ces femmes tiraillées entre leur rôle de mère de famille désarmées face à des ados aussi mystérieux que déconcertants, et leur cœur de femme, déçu, délaissé ou malmené, fait tout simplement … du bien.
Détentrice habile des clés de l’humour, Agnès Abécassis en fait (très) bon usage ; on s’amuse, on sourit, parfois même on rit. Le ton est naturel et juste. 

Je ne peux m’empêcher de saluer les clins d’œil de l’auteure, qui s’amuse notamment avec les titres des « guides pratiques pour rencontrer l’âme sœur et faire durer son couple » écrits par Séraphine (allez, je vous en cite un : « Les Hommes viennent de Mars, et parfois ils feraient mieux d’y rester » !).
Mention spéciale également aux séances d’analyse du double sens caché des SMS. De même pour le décodage (devrais-je dire la tentative de décodage ?) de la psychologie des ados…

Bref, un vrai régal (même si vous n’aimez pas le poisson cru). Un réel moment de détente.

Envie … d’un extrait (ou deux !) : 

« Quand on me parle de remariage, j’ai l’impression qu’on me propose une autre chute de cheval après celle que je viens de faire. Ça suffit les ruades, hein, c’est bon, j’arrête de monopoliser les salles des mairies pour y contorsionner ma liberté sur des canassons. Chaque représentation me coûte trop cher ».

« L’âge ingrat n’est pas une bonne façon de définir ce qui lui arrive, car ses cheveux bruns, très gras, luisent comme si elle se shampooinait à l’Isio 4 »

Bonne soirée sushi !

Le Voisin - Tatiana De Rosnay

(Éditions Héloïse d’Ormesson, 2010, 235 p. et Livre de Poche, 2011, 286 p.)

 
Envie de … résumer :

Une banale histoire de voisinage ?

Un mari souvent absent. Un métier qui ne l'épanouit guère. Un quotidien banal. Colombe Barou est une femme sans histoires. Comment imaginer ce qui l'attend dans le charmant appartement où elle vient d'emménager ? À l'étage supérieur, un inconnu lui a déclaré la guerre. Seule l'épaisseur d'un plancher la sépare désormais de son pire ennemi... Quel prix est-elle prête à payer pour retrouver sommeil et sérénité ?

Envie de … donner mon avis :

Le hasard du calendrier fait parfois bien les choses … Je terminai Le Voisin la veille de ma visite au Salon du Livre de Paris Edition 2011, au cours duquel je rencontrai Tatiana De Rosnay (et lui fis dédicacer mon exemplaire du Voisin, bien évidemment … !).
Je garde de Tatiana l’image d’une femme souriante et accessible, disposée sans hésitation aucune à prendre la pose aux côtés de ses lecteurs, et surtout, une femme non dénuée d’humour.

Mais focalisons-nous maintenant sur Le Voisin. Pour commencer, j’ai été tout particulièrement touchée par le portrait de cette femme sobre et ordinaire, pour ne pas dire fade à première vue, dont le métier lui-même reflète la personnalité : bien qu’elle rêve d’écrire un jour son propre livre (projet dans lequel elle ne parvient pas à se lancer), Colombe « écrit des livres qui ne porteront jamais son nom sur la jaquette ». « Nègre » dans une maison d’édition, Colombe vit dans l’ombre, non seulement à son travail, mais tout autant à la maison : dans l’ombre de sa sœur, qu’on écoute et qu’on respecte ; dans l’ombre de son mari qui, absent régulièrement du foyer, ne mesure pas la dévotion sans limite de sa femme au bien-être de ses enfants et de lui-même.

Ce décor planté, Tatiana De Rosnay nous décrit l’enfer de cette femme confronté au comportement énigmatique (non, je n’en dirai pas plus !) de son voisin du dessus, ennemi intime dont elle ne connaît que le nom.

La tension est palpable, et le malaise bien réel : taxée de « bobonne à l’imagination débordante », Colombe se bat pour prouver (et peut-être aussi SE prouver ?) qu’elle n’est pas folle. C’est là justement ce qui m’a empêché de poser le livre avant la fin : est-elle folle ? Décortiquant avec précaution le ressenti physique et psychique du personnage, l’auteure explore abondamment les ressorts de l’analyse psychologique, brouille les pistes et nous fait perdre pied. Mais c’est tellement bon !

Au fil d’un récit sombre et envoûtant, d’une l’intensité remarquable, Tatiana De Rosnay mêle habilement le registre du roman à celui du thriller. Le Voisin (le livre et le personnage !) a joué avec mes nerfs, et j’ai adoré ça … 

Bienvenue !

Crédit photo RMN, Hachette André, Jeune femme lisant.

Chers lecteurs, Chères lectrices,

Bonjour à tous et bienvenue sur Enviedelivres.fr, mon blog entièrement dédié à mes coups de cœur littéraires. Juriste de 23 ans, lectrice assidue et passionnée depuis mon plus jeune âge, l’envie m’est venue récemment de me lancer dans la tenue d’un blog, afin d’échanger et de communiquer avec des internautes qui partagent mon goût pour la lecture.
Comme vous le constaterez au fil du temps, je tente de diversifier autant que possible mes lectures, afin de varier les plaisirs (le mien et le vôtre !), tout en restant fidèle aux genres littéraires que j’affectionne plus particulièrement : classiques, romans contemporains (francophones ou étrangers), Chick-Lit, thrillers, etc. 

Je vous invite bien sûr vivement à me laisser des commentaires, afin de me faire partager vos impressions, pourquoi pas même vos critiques. Je me ferai une joie d’y répondre et d’échanger avec vous !

J’attire cependant votre attention sur quelques règles élémentaires de respect et de courtoisie :  les messages agressifs ou diffamatoires, les insultes et critiques personnelles, les grossièretés et vulgarités, et plus généralement tout message contrevenant aux lois françaises en vigueur, ne sont pas les bienvenus. Je compte sur vous !

Enfin, merci d’éviter le style SMS, non compréhensible par tout le monde et – il faut bien le dire - souvent désagréable pour les mordus de lecture que nous sommes !

Voilà, tout est dit (ou presque) ! J’espère de tout cœur que vous prendrez autant de plaisir à parcourir ces pages, que j’en aurai moi-même à le nourrir et à le rendre toujours plus attractif. Je compte sur vous pour faire vivre ce blog avec moi !
Et s’agissant de ceux que la « fièvre livresque » n’aurait pas encore touchés, j’espère les convertir, et leur donner définitivement l’envie … de livres !

Bonne lecture !